Les données du stationnement vélo, une mine d’or aujourd’hui largement inexploitée, pour dessiner, en creux, une compréhension fine des comportements, étape cruciale dans la fabrique du territoire et le développement de politiques de mobilité pertinentes.
Mobiliser la donnée pour résoudre une équation à plusieurs inconnues
Encourager la pratique du vélo comme solution d’avenir pour la mobilité urbaine fait aujourd’hui consensus, tant les bienfaits associés à ce mode sont divers : amélioration de la qualité de l’air, réduction de la congestion, apaisement de l’espace urbain, santé publique. Pour appuyer le développement du vélo, tout un attirail de mesures peut être mis en place, mais l’efficacité de ces dernières se trouve conditionnée par leur adéquation aux usages et, partant, aux besoins des utilisateurs. Or, pour accompagner au mieux la pratique cycliste, il s’agit tout d’abord d’en comprendre les ressorts en identifiant et en qualifiant avec précision la diversité des usages. Résoudre l’équation vélo nécessite en effet d’en connaître les multiples inconnues.
Par conséquent, mettre en œuvre des politiques de mobilité pertinentes nécessite une compréhension fine des usages, et ce à échelle locale puisque la mobilité constitue une problématique fortement liée au contexte urbain. Pour cela, les collectivités disposent aujourd’hui d’informations sur l’utilisation du vélo sur leur territoire, par le biais des Enquêtes Ménages Déplacements (EMD), mais aussi des comptages vélos. Cependant, si les EMD offrent des données de référence collectées et traitées selon une méthodologie standardisée, elles ne sont réalisées que tous les dix ans environ. Or, face à une pratique cyclable qui se développe rapidement et évolue tout aussi vite, l’enjeu réside véritablement dans la donnée en temps réel, afin de façonner des politiques publiques au plus près des usages. De même, si les comptages fournissent des informations précises et spatialisées, ils ne renseignent que sur le volume des flux sur des axes donnés, flux auxquels les comportements, dans toute leur complexité, ne sauraient être réduits.
Le stationnement pour dessiner en creux les usages du vélo
Des données détaillées, localisées et fréquemment actualisées sur les déplacements effectués à vélo représenteraient donc un matériau précieux pour les villes soucieuses de promouvoir une mobilité soutenable sur leur territoire. Puisque les collectivités locales ne disposent pas encore pleinement de toutes les données nécessaires à une politique vélo la plus innovante et la plus adaptée possible, il s’agit de créer ces données, mais aussi de les leur rendre disponibles.
À ce titre, le stationnement apparaît comme une entrée intéressante pour comprendre les comportements, bien que celui-ci soit par ailleurs un quasi-angle mort des données vélo. À ce jour, les informations disponibles sont concentrées sur l’infrastructure : si l’on a une vision claire de l’offre, on ignore tout de la demande et des usages du stationnement. Pourtant, connaître en détail les pratiques de stationnement des utilisateurs de vélo personnel apporterait non seulement un éclairage sur les points d’origine et de destination de leurs déplacements, mais aussi sur la temporalité et la durée de ces déplacements. S’intéresser aux moments où les véhicules ne sont pas en circulation permettrait ainsi de dessiner en creux un portrait des usages du vélo, faisant office d’itinéraire bis pour atteindre l’objectif de connaissance et de compréhension des pratiques, première étape nécessaire à la mise en place de mesures d’accompagnement adaptées.
La donnée vélo au service de la fabrique territoriale
Répondre au besoin de données vélo par le prisme du stationnement offre donc une formidable piste à explorer. Cela renseignerait par extension sur les rythmes urbains et sur la façon dont les modes de vie des cyclistes s’inscrivent dans la ville et participent à la fabrique du territoire. Améliorer l’expérience des cyclistes doit en effet être accompagné d’une réflexion sur leur intégration en cohérence avec les autres usages de l’espace urbain. Collecter ces informations permettant de comprendre de manière approfondie les comportements et les besoins des cyclistes par le biais du stationnement constitue ainsi une première étape nécessaire, la seconde étant leur utilisation au service des politiques publiques de mobilité urbaine : en d’autres termes, comprendre la pratique pour mettre le vélo au service de la fabrique de la ville.